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le pont des lions
17 octobre 2008

le gâteau aux pommes de Mamie

J'ai trouvé la recette sur le blog B comme Bon , excellente! Ce gâteau était celui que nous faisait traditionnellement notre Mamie, une vieille dame qui habitait l'appartement en dessous du duplex de mes parents et qui n'avait aucun lien de parenté avec notre famille, mais qui nous avait vu naître et grandir... mes vrais grands-parents étaient d'ailleurs un peu jaloux de ce lien particulier qui nous unissait mes deux soeurs, moi-même et Mamie (Elle n'avait plus qu'une nièce éloignée géographiquement et un ami de son défunt mari qui venait lui rendre visite une fois par semaine car il avait fait le serment de s'occuper de sa femme; nous l'appelions Monsieur Emile, bien que ce soit son prénom). Mamie (nom que nous lui avions donné) s'appelait en réalité, Madeleine, Berthe, Emilie, Philomène (nous aimions lui demander inlassablement ses prénoms qui résonnaient comme une petite musique... alors que nous les connaissions par coeur); c'était une personne très gentille, douce, élégante, qui nous accueillait chaque jour chez elle, nous passions des heures assises sur ses fauteuils face à la fenêtre à écouter l'histoire de sa vie (elle avait perdu depuis fort longtemps son mari et son fils unique...   Mamie disait que le Bon-Dieu avait dû oublier de venir la chercher) et à raconter nous-aussi notre quotidien,  et chaque soir, nous venions aussi chez elle regarder Casimir et Bonne nuit les petits ( en noir & blanc), car nous n'avions pas encore la télévision, assises sur un grand lit.
Il était très difficile pour nos parents de nous faire regagner l'appartement familial et pour Mamie de retrouver un peu de calme et d'intimité car lorsque l'une de nous sortait, une autre allait se cacher chez elle et une autre en profitait pour se faufiler à travers la porte à quatre-pattes... et ce petit jeu pouvait durer un certain temps... de vraies espiègles... Et que dire de sa patience alors que nous courions et sautions sur le parquet dans l'appartement au-dessus et que ses lustres dansaient... elle ne se plaignait même pas... ou si peu...
Je me souviens de ces grands torchons blancs sur lesquels Mamie étalait sa pâte en vue de faire des pâtes maison (longues et plates) et du comté dont elle nous donnait un petit morceau avec la croûte... ; il y avait aussi les gâteaux moelleux à l'orange nappés de chocolat qu'elle achetait.

Mamie avait l'habitude de nous gâter, elle pensait toujours à nous pour notre anniversaire ou à Noël.
Lorsque nous jouions dans la rue avec nos amies (c'était un quartier résidentiel dans lequel peu de voitures passaient hormis les résidents qui savaient qu'il fallait ralentir... sauf la fille de la boulangère qui descendait toujours la rue en trombe au volant de sa mini ou de sa BM... pour crâner, comme nous disions...), dès que nous apercevions Mamie (rentrant du marché ou des Magasins Réunis) qui débouchait au coin de la rue, nous délaissions nos jeux pour accourir vers elle en criant "Mamie!, Mamie!") et nous lui sautions dans les bras et la couvrions de baisers alors que même nous l'avions vue quelques heures plus tôt... et au risque de la faire tomber par terre...
Puis, Mamie a commencé à poser de drôles de questions, répétées alors que nous venions de lui donner la réponse... la porte de la maison était déverrouillée le matin alors que mes parents étaient sûrs de l'avoir fermée la veille au soir... les chaussures de ma soeur étaient abimées les matins (le talon écrasé)... puis un jour, à l'aube, la boulangère est venue nous prévenir qu'elle avait retrouvée notre Mamie sur la route, qu'elle ne savait plus où elle était, qu'elle n'était pas blessée, mais qu'une ambulance était venue la chercher... et nous ne l'avons plus revue... c'était un jeudi, j'avais sciences naturelles ce matin-là... je m'en souviens très précisément. Bien sûr, Maman est allée régulièrement voir Mamie à l'hôpital puis dans une maison spécialisée qui accueillait des personnes âgées qui n'avaient plus leur tête, mais les enfants que nous étions n'avaient pas le droit d'y aller... Maman a quand même pris une photo, mais je ne la reconnaissait plus, elle avait perdu toutes ses douces rondeurs... puis un jour, le Bon-Dieu est enfin venu la chercher et elle a rejoint ses chers mari et fils...

DSC07050

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Commentaires
K
Un vrai talent de conteuse ! le talent du coeur,<br /> sans doute... <br /> C'est plus qu'une évidence : Le gâteau était forcement bon !<br /> J'aime tout décidement ici !<br /> A bientôt ...<br /> kti
C
TRè sbel hommage !<br /> Une histoire à la même fin dramatique chez nous,mais avec notre vraie grand mère ... une cicatrice indélébile ...
E
c'est un très bel hommage...qui me rapelle une petite dame chez qui nous allions aussi enfants ...que de souvenirs reviennent ainsi en mémoire à l'évocation de cette belle histoire..
L
Une jolie histoire très émouvante. <br /> Nous aussi nous avions des voisins que nous appelions papi et mamie, chez qui nous passions de doux moments...
M
Histoire émouvante, nous avons tous notre Mamie et de belles histoires à écrire sur de tendres rencontres...
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